Bannir Marc Dutroux de Facebook

Publié le par ecoleauvitriol.over-blog.com

Il y a un sacré bout de temps, je suis tombée sur un groupe sur FB appelé "Banir Dutrou de Facebook". Un ramassis de haine vengeresse et de fantasmes sadiques divers.

 

J'y ai conversé ou tenté de converser avec tout un tas de gens hurlant au rétablissement de la peine de mort. Puis un jour, lassée, j'y ai publié ce texte qui depuis a été effacé. Mais comme je pense toujours chaque mot que j'y disais, je vous le ressors.

Il s'appelait "Tentative d'accord de paix":

Naïve.
Ou Biesse, comme on dit chez moi.

Oui, oui, je suis Belge.
Aux yeux de certains, cela semble donner le droit de parler de Dutroux.

Comme vous tous, j'ai vécu les événements.
Je me souviens parfaitement des affiches partout dans le pays. Des ponts avec leurs banderoles montrant les deux petites filles.
Je me souviens aussi du jour où Sabine et Laetitia sont sorties vivantes de sa cave.
Je me souviens des marches blanches.
Et je me souviens parfaitement du jour où on les a retrouvées. Mortes.
Je me souviens ce que je faisais et avec qui j'étais, comme pour le 11 septembre, c'est vous dire le choc national...
Je me souviens que mon pays a attendu pendant deux longues années le retour de ces petites filles et qu'elles sont revenues dans des cercueils blancs.
Je vous jure que je me souviens de la sensation physique que j'ai ressentie. Le poids dans le ventre.

Je me souviens aussi des parents. De leur peine intarissable.

Je me rappelle ensuite les interminables discussions télévisées. Je revois parfaitement les intervenants de la Commission. (Pour les Français qui l'ignorent peut-être, on a même eu droit à toute la contre-enquête rediffusée en live sur une chaîne de télé presque 24h/24...)
Je me souviens de la juge Doutrewe, mise sur la sellette devant son pays enragé. On apprendra plus tard qu'elle avait un cancer. Elle est morte peu de temps après ce qui s'avéra être quasiment son procès.

Je me souviens de tout ça.
Je l'ai vécu comme vous.

Et pourtant.
Pourtant, je n'appelle pas à la mort, à la vengeance, au rétablissement de la peine de mort, à l'arrachage de coeur, de couilles ou autre torture abominable.

J'ai, comme vous, beaucoup de difficultés à comprendre Dutroux, à le considérer comme un être humain au même titre que moi.
Mais j'essaie.
Parce que ressentir de la haine ou ne rien ressentir du tout reviendrait à être comme lui. Ressentir de la compassion me distingue d'une psychopathe (au sens psychiatrique du terme).
Et parce que les parents des enfants mortes n'ont pas fait d'appel à la haine, au contraire de vous. Pas un seul. Leur douleur est restée digne.

J'ai appris récemment que certains ne voyaient pas d'intérêt au débat dès lors que les parties ne sont pas du même avis. C'est une réaction qui m'est totalement étrangère puisque je suis prête à entendre toute thèse contraire à la mienne et même à m'y ranger si l'argumentation est valable. Je ne comprends donc pas que la personne qui me fait face n'éprouve pas la moindre envie de me convaincre ou d'évoluer si elle a tort.

Je suis prête à proposer d'arracher les couilles de Dutroux si quelqu'un parmi mes détracteurs me prouve que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Par une argumentation étayée s'entend. Parce que j'ai un paquet d'arguments allant dans le sens contraire...

Tout ce que je désire, c'est que nous arrivions au dialogue.
C'est le dialogue qui fait avancer le monde dans le bon sens.
Et l'ouverture d'esprit.

Sinon, pour ceux qui auront eu le courage de me lire, je voudrais vous conseiller ce film : Little Children.
Vous ressentirez une haine profonde pour un des personnages mais peut-être, peut-être que vous pourrez aussi ressentir un tout petit peu d'empathie.
Vous verrez, ça fait un truc bizarre à l'intérieur. Un truc qui s'appelle la "remise en question".


Peace, mes frères...

 

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