Huis clos

Quittons un instant si vous le voulez bien mon domaine de prédilection pour en revenir à ma vie privée. (si si, j'en ai une)

On aura beau me dire que « l’arachnophobie, c’est ridicule, enfantin, immature », j’aurai beau être convaincue intellectuellement qu’ « une petite bête ne mange pas une grosse », il n’empêche que ça fait dix minutes qu’un godzilla de 4 cm me nargue et que manifestement, c’est elle la plus forte.

Elle est entre la porte et moi. En gros, soit je passe par-dessus, soit je passe la journée dans un dressing de 4 mètres carrés…

J’envisage sérieusement d’appeler le voisin mais mon portable est évidemment dans une autre pièce, la vie est mal faite.

Elle bouge une patte. Je pousse un petit cri strident parfaitement ridicule suivi d’un rire mi-honteux mi-nerveux tout aussi ridicule.

La tuer ? J’aime pas tuer les trucs qui vivent. Même elle. Et puis je suis pas sûre de viser suffisamment précisément pour l’avoir du premier coup et c’est bien connu que les méchants se relèvent toujours quand on les croit morts.

"Mais pourquoi tu l'écrases pas avec ta propre pompe?" vous dites-vous, hein? PARCE QUE CA, C'EST TROP PRES. Y aurait qu'un cm de semelle entre elle et moi, bordel.

Damned, il est 10h… « Araignée du matin, chagrin. Araignée du soir, espoir »

Si je la tue, ça lève le truc ou bien ?

Et si je la garde en vie jusqu’à ce soir, ça donne quoi, au final ?

C’est à ce moment précis de ma réflexion que ma chatte se pointe avec flegme, mate la bestiole et… la bouffe avec des petits bruits de scrountch scrountch scrountch, l’avale, me regarde dans les yeux et me lance un miaou satisfait.

Je vous jure, cette chatte, c’est ma pote.