Te fous pas de leur gueule...

Publié le par ecoleauvitriol.over-blog.com

Mon ironie vous choque, n’est-ce pas ? De quel droit s’érige-t-elle en juge et partie ? Comment ose-t-elle tourner en ridicule ce monde auquel elle appartient et qui la fait bouffer chaque jour ? Qui est-elle pour porter sur ces gens, ces jeunes, ces « Lindsay » et ces « Jason » dont elle se moque ?

 

Qui je suis ? Je suis celle qui consacre sa vie à tenter d’empêcher le monde de se foutre de la gueule de Lindsay et Jason en leur donnant des moyens d’expression et de compréhension. Je suis celle qui pallie au manque familial, qui leur donne les réponses qu’ils ne trouvent pas chez eux. Je suis là et je reste. Je suis la constance de leur vie d’adolescent. J’écoute et j’entends leur envie d’autre chose.

 

Le monde abuse chaque jour des Lindsay et des Jason. Le monde est construit pour les annexer, les enjoindre à rester à leur place, les empêcher de se réveiller. Et chaque jour, j’essaie d’activer la sonnerie de leur horloge.

 

Là où la télévision tente de les contenir dans les « Secret Story » et les « Iles de la tentation », j’essaie de leur donner les moyens de goûter à autre chose, quitte à leur foutre des claques (rangez vos dépôts de plainte, c’est une image).

 

Je ne me pose ni en sainte, ni en victime. Je ne suis qu’une parmi tant d’autres et pas la meilleure mais pas la pire non plus…

 

Oui, j’ironise. Je suis devenue la championne de l’humour noir et grinçant. Il faut comprendre que c’est ma seule arme contre la déception.

 

Parce que je ne sauverai pas le monde par les mots. Parce que les Jason et les Lindsay continuent d’emprunter pour acheter un troisième téléviseur quand ils n’ont pas de quoi nourrir leur nouveau-né qu’ils ont eu à seize ans.

Parce que les parents de Lindsay et Jason continuent de se mettre sur la tronche devant l’école pour une place de parking.

Parce que les frères de Lindsay continuent de lui marquer la peau parce qu’elle a embrassé un type d’une autre bande.

 

Je n’éprouve pas de mépris pour Jason et Lindsay. Jamais. Je crois en eux.

Je méprise le monde qui les ravale au rang de consommateurs ou de main d’oeuvre et qui sacrifie leurs capacités en échange de la paix toute relative de nos villes.

 

Le jour où les Jason et les Lindsay se réveilleront tous, l’évolution prendra un autre cours. Mais au vu de ce que je vois chaque jour où je me traîne à l’école, je peux vous garantir que c’est pas demain la veille.

Publié dans Ma vie de prof

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> http://www.priceminister.com/offer/buy/546565/Celma-J-Journal-D-un-Educastreur-Livre.html<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Merci, Lindsay. L'as-tu lu?<br /> <br /> <br /> <br />